Morteza Motahari – La justice divine

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De nombreuses interrogations et ambiguïtés sont soulevées à propos de la religion dans le monde contemporain, la nouvelle génération de musulmans posent à nouveau d’anciennes questions oubliées, empreintes de doute et d’embarras. Faut-il regretter l’émergence de ces doutes, questions et discussions qui ont parfois atteint des seuils critiques ? Je ne pense pas qu’il faille déplorer ce phénomène, car le doute est la prémisse de la certitude, la question est la clé de la connaissance, et le trouble s’achève par la tranquillité.

Le doute est un passage nécessaire vers la stabilité. L’Islam nous enseigne que l’ignorance, le doute et la perplexité sont des bases essentielles de l’état premier de l’homme, à partir desquelles celui-ci avance, grâce à une saine réflexion, vers la certitude et la tranquillité.

Il est vrai que le doute est signe de trouble, mais il est vrai aussi que la tranquillité comporte des degrés divers. L’animal ne vit pas dans le doute, sa tranquillité est d’un degré inférieur au doute de l’homme. Quant à la tranquillité de ceux qui ont la certitude, elle représente un degré plus élevé que le doute. Et, à l’exception d’une infime minorité divinement soutenue, tous sont parvenus à la phase de la foi et de la certitude après avoir traversé une phase de doute et de perplexité.

MOGNISS H. ABDALLAH – RENGAINEZ, ON ARRIVE !

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Chroniques des luttes contre les crimes racistes ou sécuritaires,
contre la hagra policière et judiciaire (des années 1970 à aujourd’hui)

« Que justice soit faite » : après chaque drame, familles et ami-e-s des victimes de crimes racistes ou sécuritaires sont partagés entre douleur et révolte, ils sont aussi tentés de croire à une justice immanente, à une réparation symbolique pour la vie irrémédiablement volée. Mais ils (re)découvrent alors la hagra – le mépris et l’injustice – d’une société fière d’afficher les principes d’égalité mais qui, en pratique, se crispe dans le déni de ses discriminations sociales ou racistes systémiques et qui, pour se couvrir, peut aller jusqu’à absoudre un « homicide excusable » lorsqu’un policier tue d’un tir dans le dos.

Paroxysme d’une expérience vécue au quotidien, cette hagra constitue bien souvent le point de départ d’une prise de conscience politique et de formes d’organisation autonomes, d’une expression culturelle foisonnante et de nombreuses mobilisations collectives, notamment dans les quartiers populaires, pour obtenir « vérité, justice, reconnaissance » et pour inscrire la mémoire des disparus dans la mémoire collective.

Ce document propose une plongée dans certaines de ces luttes, du point de vue des acteurs et actrices, en s’appuyant sur leurs propres archives politiques ou culturelles (chansons, journaux, tracts, dessins, affiches, émissions de radios libres, théâtre, films etc.) : il remémore ainsi l’action des Copains de Kader à Vitry et celle des ami-e-s de Lahouari Ben Mohamed à Marseille ou l’autodéfense antifasciste à Bondy au début des années 1980, revient sur la genèse de la marche pour l’Égalité et contre le racisme de 1983, sur les mobilisations pour Malik Oussekine et Abdel Benyahia, Aïssa Ihich et Youssef Khaïf à Mantes-la-Jolie, en passant par Djillali Ben Ali et Mohamed Diab au début des années 1970. Il se conclut par un rappel des révoltes de l’automne 2005 consécutives à la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré à Clichy-sous-Bois et s’interroge sur la coexistence entre critique radicale et réformisme pragmatique au sein de mobilisations qui cherchent à mieux se coordonner.

« Rengainez, on arrive ! » – un des cris de ralliement de la marche pour l’Égalité –, souligne les attentes, les dynamiques internes, les acquis et les limites ou contradictions de ces luttes. Sans complaisance donc avec « la part de bluff » propagandiste, ces chroniques entendent renouer avec la pratique militante du bilan autocritique, pointer les apparitions médiatiques spectaculaires mais éphémères, le « travail d’agitation politique sans suite », les analyses générales surdéterminées par une dénonciation incantatoire sans s’attacher aux réalités complexes et aux singularités de chaque situation. Avec comme perspective de creuser des pistes pour constituer des rapports de forces plus favorables dans les combats politiques et judiciaires à venir.

Marc JOLY – La revolution sociologique

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Au tournant du XIXe et du XXe siècle, l’ordre de la pensée, du savoir et des représentations a été ébranlé par la sociologie naissante. L’image de l’« homme », de l’existence humaine, s’en est trouvée profondément bouleversée. Cette révolution sans morts ni barricades a en revanche fait de nombreuses victimes, à commencer par la philosophie. Face à l’idée d’une autonomie et d’une singularité irréductible des faits sociaux, parachevant le développement d’approches objectivistes de l’esprit humain, la philosophie s’est retrouvée acculée, sommée de se redéfinir et d’abandonner à la sociologie, au moins provisoirement, les terrains de la morale et des conditions de possibilité de la connaissance.
Avec Max Weber, Georg Simmel et Ferdinand Tönnies en Allemagne, Émile Durkheim et surtout Gabriel Tarde en France, la sociologie consacra, tout d’abord, le principe d’une pluralité de déterminations historiques et objectives pesant sur l’existence humaine. Elle ratifia, ensuite, l’avènement d’une conception nouvelle de la construction théorique, respectueuse de la complexité et de la force contraignante des faits ainsi que de la nature « sociale » des catégories de pensée et des pratiques de production et de transmission des connaissances.
Une grande partie de la philosophie du XXe siècle peut être lue comme une réponse à cette révolution cognitive. C’est ainsi que Henri Bergson, Georges Canguilhem, Martin Heidegger, William James, Karl Jaspers, Maurice Merleau-Ponty ou encore Bertrand Russell sont soumis, ici, à une grille d’analyse inédite.
Un ouvrage aussi documenté qu’audacieux, qui offre la première histoire croisée de la sociologie et de la philosophie.

Gutierrez, Gustavo – Essai pour une théologie de la libération, 1928-

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À la fin des années 1960, la théologie de la libération apparaît comme une réponse de l’Église en Amérique latine aux problèmes sociaux et économiques de la région et à la polarisation entre les classes bien nanties et les pauvres. Ce courant deviendra un mouvement important au sein de l’Église en dépit des condamnations du Vatican.

Au début des années 1970, les inégalités divisent l’Amérique latine entre tenants de l’ordre établi etrévolutionnaires. Dans la foulée de la révolutioncastriste, des mouvements de contestation voient le jour. On y répond par la mise en place de régimes militaires répressifs. Dans ce contexte, plusieurs théologiens et hommes d’Église, influencés par le concile Vatican II, l’encyclique Populum Progressio dePaul VI et l’exemple du père colombien Camilo Torres, proposent une nouvelle lecture de l’évangile. S’inspirant de l’analyse marxiste, ils prônent un catholicisme social : Jésus ayant été un sauveur et un libérateur, le devoir du chrétien est d’apporter la justice aux opprimés par l’engagement politique. Un essai du prêtre péruvien Gustavo Gutiérrez, publié en 1971, rend l’expression «théologie de la libération» populaire. Mais c’est en 1968, à la conférence des évêques sud-américains de Medellin (Colombie), que ce courant apparaît. Ses participants réfléchissent alors aux implications sociales et politiques de la foi chrétienne et créent une commission sur la pauvreté. La conférence théologique de Mexico, en 1975, consacre le mouvement en faisant de la théologie de la libération sa thématique centrale. On y affirme la nécessité pour le chrétien de s’engager pour les droits de l’Homme et contre les injustices. L’arrivée du pape Jean-Paul II (1978), qui s’oppose à cette conception du message évangélique, marque un arrêt dans le mouvement. La théologie de la libération est même condamnée par le Vatican qui empêche plusieurs de ses représentants d’enseigner. Le mouvement restera néanmoins actif. Au Brésil seulement, il donnera naissance à plus de 80 000 communautés de base et à plus d’un million de groupes bibliques. (Note : le mois de janvier dans la présentation ne sert que de référence générale, la date exacte de l’événement étant inconnue).

Mohammed Harbi – les archives de la revolution algérienne

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Vingt ans presque après l’indépendance de l’Algérie, une histoire scientifique de la guerre de libération reste encore à écrire. Les événements sont encore trop récents, les acteurs en place, et toutes les passions ne sont pas encore totalement apaisées. Aussi n’est-il guère étonnant que l’histoire coloniale seule ait fait l’objet d’études approfondies parmi lesquelles celles de Charles-André Jullien et Charles-Robert Ageron sont indispensables. La période postérieure à l’insurrection de la Toussaint 1954, elle, n’a donné lieu qu’à des récits fort disparates, soit de type journalistique (Y. Courrière) ou engagée (H. Alleg ou Jouhaud…). Seuls quelques historiens anglo-saxons ont pu prendre le nécessaire recul comme Ali- stair Horne ou John Tallbott.

Ceci montre tout l’intérêt de la somme rassemblée, commentée et replacée dans son contexte par Mohammed Harbi. Ce militant de

la première heure, qui adhéra à quinze ans en 1948 au PPA-MTLD, fut négociateur à Evian en 1961- 1962, puis conseiller de Ben Bella de 1963 à 1965. Depuis il a connu le chemin de l’exil et s’est livré à des recherches historiques. On lui doit une très intéressante histoire : Le FLN, mirage et réalité des origines à la p. .se du pouvoir (1945-1962) i. Ici il a réuni dans Les archives de la révolution algérienne 121 documents provenant directement des principaux témoins de ce drame historique. Ces documents sont intéressants car ils éclairent les nombreuses discussions, analyses ou oppositions qui ont accompagné la lutte des combattants algériens. En un style direct, dépourvu de sous-entendu, c’est le fond d’une pensée militante qui se livre au lecteur. On admire la vision des initiateurs. Dans un rapport de décembre 1948 Ait Ahmed trace d’emblée la ligne d’action qui sera poursuivie avec acharnement et succès jusqu’en 1962. Tout ou presque est admirablement perçu : la France défendra bec et ongle sa colonie de peuplement, le soulèvement de masse est une forme d’action inadaptée, la révolution prolétarienne un leurre. Seule la guerre des partisans, issus des campagnes, permettra la victoire.

Mais dans l’ensemble, en dehors de ce rapport-clef, les documents sur la période antérieure à 1954 sont relativement rares. L’absence de sources françaises se fait ici sentir. La suite des événements est mieux retracée en revanche. Luttes d’influence à l’intérieur du mouvement national au sein duquel le vieux leader Messali Hadj reste puissant et actif jusqu’en 1957. Désarroi des moudjahidin à partir de 1958 à la suite du verrouillage des frontières marocaine et tunisienne opéré avec succès par l’armée française.

Quelques documents éclairent l’état d’esprit de l’opinion publique et de la classe politique en France. On se voit confirmer aussi de source algérienne que la chute du gouvernement Mendès-France au début de 1955 fut accueillie en Algérie comme la faillite des derniers espoirs d’une solution pacifique. C’est alors, par immobilisme, par incompréhension ou par soumission aux intérêts des colons que la France perdit l’Algérie. Tout au long de ces années on découvre que la détermination et la conviction des Algériens ne faiblissent guère.

Ce recueil apporte également et surtout des lumières nouvelles sur l’action diplomatique du FLN et du GPRA. A partir de 1958-1959, l’action extérieure sera privilégiée par rapport au combat sur le terrain. La victoire algérienne a surtout été obtenue par la diplomatie. Toutes lés ressources de la dialectique furent ici utilisées et poussées à fond. Faute d’avoir pu isoler la France parmi ses partenaires de l’OTAN, le FLN s’est tourné à la

fin 1958 vers l’Est sans pour autant aliéner sa liberté. Au Maghreb il a négocié, partenaire le plus faible, pied à pied avec le Maroc et la Tunisie qu’il inquiète à bien des reprises. Il ne cède rien au puissant protecteur égyptien. Il gagna l’appui des Africains et des Asiatiques, ce qui lui permit de porter la question algérienne à l’ONU.

Toutes les orientations, le style même de la diplomatie de l’Algérie indépendante se dévoilent avec clarté. « Quelles que soient les circonstances, nous n’abandonnerons jamais nos positions neutralistes » (entretiens algéro-yougoslaves du 12 avril 1961).

Ce recueil de textes, qui par nature ne pouvait qu’être incomplet, effectue une véritable leçon d’histoire.

Eugène BERG

Olivier Le Cour Grandmaison- Coloniser. Exterminer

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Quelles furent les spécificités des conflits coloniaux engagés par la France en Afrique du Nord et ailleurs ? Que nous apprennent les méthodes singulières ? enfumades, massacres de prisonniers et de civils, razzias, destructions de cultures et de villages ? couramment employées par les militaires français sur la nature de la guerre conduite pour pacifier l?ancienne Régence d?Alger ? Pourquoi de nombreuses mesures racistes et discriminatoires ont-elles été élaborées puis appliquées au cours de la conquête et de la colonisation de l?Algérie ? Comment furent-elles codifiées sous la Troisième République puis étendues aux nouveaux territoires de l?empire tels que l?Indochine, la Nouvelle-Calédonie et l?Afrique-Occidentale française ?

Telles sont quelques-unes des questions auxquelles cet ouvrage entend répondre. En effet, la conquête puis la colonisation difficiles et meurtrières de l?Algérie doivent être considérées comme une sorte de vaste laboratoire au sein duquel des concepts ? ceux de «races inférieures», de «vie sans valeur» et d?«espace vital», promis à l?avenir et aux usages que l?on sait ? furent forgés. De même, on découvre les origines de nouvelles techniques répressives ? l?internement administratif et la responsabilité collective notamment ? qui, avec le Code de l?indigénat adopté en 1881, firent de l?Etat colonial un état d?exception permanent. Plus tard, l?internement fut même importé en métropole pour s?appliquer, à la fin des années 1930, aux étrangers d?abord, aux communistes ensuite puis aux Juifs après l?arrivée de Pétain au pouvoir.

S?appuyant sur quantité de documents peu connus voire oubliés, sur la littérature aussi, cette étude originale et dédisciplinarisée éclaire d?un jour nouveau les particularités du dernier conflit qui s?est déroulé entre 1954 et 1962, mais aussi les violences extrêmes et les guerres totales qui ont ravagé le Vieux Continent au cours du XXe siècle.

Maxime Rodinson – islam et capitalisme

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Pourquoi le capitalisme s’est-il développé tardivement dans le monde musulman ? Ce fait historique a engendré le préjugé que l’islam serait un frein au développement du capitalisme. Cette idée ne résiste pas à l’analyse du mode de production antérieur et de la transition au capitalisme dans les pays arabes. Un deuxième préjugé, répandu chez les musulmans, est que l’islam serait égalitaire. L’analyse historique et sociologique de Rodinson montre qu’il n’en est rien et permet de comprendre l’illusion et l’échec du nationalisme arabe à la recherche d’une introuvable « voie musulmane au socialisme ». Cet échec politique n’a pas remis en cause le préjugé mais favorisé le succès de la recherche d’une toute aussi introuvable « voie musulmane au capitalisme » portée par les Frères musulmans et les monarchies du Golfe. En analysant dans quelle mesure le capitalisme s’est développé en pays d’islam par un processus interne ou par l’imitation de l’Occident, l’auteur montre simultanément l’importance des idées de Mahomet et le rôle relativement neutre qu’elles jouent pour les forces sociales en jeu et l’évolution du mode de production capitaliste.

Rajab Borsi – Les Orients des lumières

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Voici un témoignage de ce que l’islam chiite a su développer de pure spiritualité, très loin des tentations théologico-politiques. L’auteur de cet ouvrage, Rajab Borsi, était un lettré irakien qui mourut en Iran en 1411.
Il s’attacha avec ferveur à démontrer la dimension spirituelle de la figure des imâms du chiisme : c’est à travers leur personne que Dieu se manifeste à lui-même et aux hommes. La méthode de Borsi est originale, car elle se fonde sur une démarche cabaliste. Le lecteur trouvera ici un bel exemple des correspondances qui lient les lettres de l’alphabet arabe et l’apparition des imâms chiites, leurs enseignements, leur fonction.

Alexandre Bennigsen – Les mouvements nationaux chez les musulmans de russie. – le « sultangalievisme » au tatarstan.

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Mirsäyet Soltanğäliev (en russe : Мирсаид Хайдаргалиевич Султан-Галиев, en tatare Мирсәет Солтангалиев, également restranscrit Mirsaïd Sultan-Galiev ; 1892–1940), est un bolchevik tatar qui entra par la suite en résistance contre le pouvoir du PCUS.

 Sultan-Galiev était le fils d’un instituteur, né le 13 juillet 1892 à Elembet’evo, un village du gouvernement d’Oufa(aujourd’hui en Bachkirie) dans l’Empire russe.

Sultan-Galiev a d’abord été séduit par les idées révolutionnaires de 1905. Après la défaite de la révolution, il s’installe à Bakou, où il attire l’attention de Nariman Narimanov. Il découvre les idées révolutionnaires pendant ses études à Kazan. À cette époque, il reçoit ses premières leçons de socialisme avec le futur bolchevique A. Nasybullin et le futur Basmachi A. Ishmurzin.

Diplômé de l’université en 1911, Sultan-Galiev commence sa carrière comme « famélique professeur et bibliothécaire de l’école de village ». En 1912, il commence à publier des articles dans divers journaux en russe et en tatar, sous différents pseudonymes tels que « Sukhoi », « Syn naroda » (fils du peuple), « Uchitel Tatarin (l’enseignant Tatar) », « Karamas kalinets », puis à partir de 1914 sous son propre nom. Durant la même période, il a également secrètement distribué des tracts anti-gouvernementaux dans les villages musulmans du gouvernement d’Oufa et s’est prononcé contre l’installation de Tatars russe ou christianisés comme enseignants dans les écoles musulmanes4.

 

Pendant la guerre civile, il est actif dans l’organisation de la défense de Kazan contre les Blancs en août 1918 puis dans la liquidation de l’opposition après qu’ils en eurent été chassés. Il a également contribué à faire que les populations bachkires, dirigées par Zeki Velidi, rejoignent les bolcheviks affaiblissant ainsi le potentiel militaire de l’armée de Koltchak. Sa connaissance des mouvements nationaux de Sibérie lui a valu la confiance de Staline et de hauts responsables du gouvernement. Sultan-Galiev effectua de nombreuses tâches sur l’ordre personnel de Staline. En avril 1919, il est envoyé à nouveau sur le front oriental pour soutenir le moral de la division 21 Tatar au Malmysh après l’offensive de printemps de Koltchak qui avait forcé l’Armée rouge à abandonner Ijevsk. En juin 1919, il est renvoyé à Kazan, à la demande de l’administration bolchevique locale pour aider à résoudre la question nationale chez les Tatars, mais il est bientôt rappelé à Moscou par Lénine pour travailler sur la question de la nationalité dans les Narkomnats jusqu’en 1922.

Sultan-Galiev a voulu donner une version musulmane au marxisme faisant valoir que les Russes tsaristes avaient opprimé les sociétés musulmanes et pas seulement quelques grands propriétaires fonciers et autres bourgeois. En dépit de cette tentative de synthèse, il était vu par les Bolcheviks comme excessivement tolérant à l’égard du nationalisme et de la religion et en 1923, il est accusé de déviation nationaliste panislamique et panturque, arrêté et chassé du parti. Il est libéré, mais avec la mort de Lénine en 1924, il perd son seul protecteur et reste donc un paria politique, constamment surveillé par la sécurité d’État. Durant ces années, il passe son temps à voyager pour la Fédération de la Chasse et écrit des critiques occasionnelles et des traductions. Il est accompagné de sa seconde épouse Fatima Yerzina, épousée en 1918 et de leurs deux enfants. En 1928, il est arrêté une deuxième fois et condamné en juillet 1930 à être fusillé. Mais en janvier 1931, sa peine est commuée en dix ans de travaux forcés pour nationalisme et activité antisoviétique. En 1934, il est libéré et obtient la permission de vivre dans l’oblast de Saratov. Au début de 1937, il est de nouveau arrêté et contraint de faire une autocritique. En décembre 1939, il est condamné à la peine de mort et exécuté le 28 janvier 1940 à Moscou. Staline n’était pas favorable à la tentative de Sultan-Galiev de faire la synthèse entre l’islam, le nationalisme et le communisme et à prêcher la révolution parmi les régions musulmanes. Staline le fit condamner comme leader indépendant « musulman » .

Alfred-Louis de Premare – Les Fondations de l’Islam

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De l’université de Provence, Alfred-Louis de Prémare est professeur émérite, historien du monde arabo-islamique et enseignant-chercheur à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (IREMAM) d’Aix-en-Provence.

A quelles conditions peut-on rendre compte des premiers moments de l’islam ? Quels sont les documents, externes ou internes, qui en rendent compte et dans quel contexte général ? Marchands, conquérants ou scribes, qui étaient Muhammad, ses compagnons des commencements et leurs successeurs des premières générations de musulmans ? Par quels moyens ont-ils assuré l’expansion de la umma islamique et de ses conceptions propres ? La umma de Muhammad a-t-elle suivi, contré ou transformé les traditions religieuses existant avant elle au Proche-Orient ? Sommes-nous en mesure de reconstituer pas à pas les étapes de production du corpus coranique et du Hadîth ?

C’est à ces questions qu’Alfred-Louis de Prémare apporte des éléments de réponse en présentant et analysant, selon leurs modes particuliers d’écriture, les données qui sont aujourd’hui à la disposition de l’historien. La prise en compte sérieuse de ces données est, en effet, l’une des conditions indispensables qui permettent une évaluation théologique et spirituelle de la religion islamique.

Perry Anderson – Le Portugal et la fin de l’ultra-colonialisme

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L’Empire colonial portugais est l’un des plus anciens du monde. Il est aussi aujourd’hui, par la volonté du régime Salazar, le dernier à conserver envers et contre tout, au milieu de la ‘décolonisation’ générale, ses structures archaïques intactes.
Cette étude, après avoir décrit les caractéristiques propres au Portugal, retrace une histoire de son empire pour expliquer les structures actuelles du système colonial portugais. Après la perte de ses possessions aux Indes, le Portugal garde sous sa domination ses ‘provinces’ africaines: Angola, Mozambique, Guinée… A l´heure ou tous les Etats africains accèdent à l’indépendance, celles-ci restent les dernières colonies du globe. C’est ce qui explique la sanglante guerre de l’Angola, déclenchée depuis deux ans, guerre d’indépendance d’un type désormais ‘classique’… Face à la lutte d’émancipation des colonisés, c’est l’habituelle suite de massacres et de derniers ‘quarts d’heure’, le renforcement de l’armée portugaise outre-mer et, en contre-coup, la répression au cœur même de la métropole qui s’accentue. Perry Anderson, directeur de la « NEW LEFT REVIEW », analyse ainsi les données et les perspectives de la faillite prochaine su ‘salazarisme’. »

BEYDOUN ABBAS – Le poème de tyr

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Abbas Beydoun s’est imposé comme l’une des principales figures de la nouvelle poésie arabe, celle qui s’écrit depuis un quart de siècle et qui trouve le plus souvent dans le poème en prose la forme majeure de son expression.
Dans une trajectoire exemplaire, ponctuée d’œuvres exigeantes, Le Poème de Tyr constitue une stèle dressée à la gloire de la ville natale du poète. La mer et la montagne, les paysans attirés et rejetés par la ville, les marins, matelots et colporteurs, les éléments naturels et les foules humaines, tous participent à cette fresque qui se lit comme un chant païen mais aussi comme une vigoureuse incursion poétique dans l’histoire sociale.

Khalifa Laila – Ibn Arabi initiation a la Futuwwa

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Le mot futuwwa est couramment traduit par chevalerie . En arabe, elle comprend les notions de chevalerie (furûsiyya), de générosité (karam), de jeunesse (vigueur) et de maturité (rujûliyya). Elle a un rôle majeur dans le soufisme et devient une voie éminente de l’initiation spirituelle. En effet, le grand maître Muhammad Muhyï al-Din Ibn ‘Arabi (1165-1240), dont l’oeuvre principale, al-Futûhât al-mahkiyya (source fondamentale pour l’étude et pour l’initiation à la futuwwa), explique que si la prophétie légiférante est scellée avec l’arrivée du prophète Muhammad ; la Révélation, quant à elle, demeure à jamais par la voie de la futuwwa. Celle-ci consiste essentiellement en un voyage vers la ka`bat al-wujûd (Ka’ba de l’existence), sanctuaire de Dieu, coeur de l’homme, où celui qui a accompli les conditions du voyage (à savoir, le renouvellement du pacte prééternel, et le retour à la nature primordiale fitra) sera admis dans la présence de la Ka’ba-houri et sera initié à la science gardée (maknûn). Il aura connaissance de son être propre et de son Seigneur. II accédera à la station du fatâ.

Selon Ibn ‘Arabi, c’est en entrant par la porte du Fatâ (le Prophète) dont la nature propre est celle du Coran – que l’initié rencontrera trois autres prophètes qui sont au coeur même de l’initiation à la futuwwa : Jésus, Abraham et Moïse. Chacun lui transmettra un enseignement.

Briant, Pierre – Histoire de l’empire perse de Cyrus à Alexandre –

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Pratiquement inconnu jusqu’alors sur les registres de l’Histoire, le peuple perse, depuis sa base de l’Iran méridional (Fàrs), se lance vers 550 av. J.-C. dans une aventure prodigieuse qui, sous la conduite de Cyrus le Grand et de ses successeurs, va aboutir à la création d’un empire immense entre Asie centrale et Haute-Egypte, entre Indus et Danube. L’Empire perse ou Empire achéménide (du nom de la dynastie régnante) a rassemblé en son sein des pays, des peuples, des langues et des cultures d’une diversité prodigieuse. Cette conquête des pays du Moyen-Orient a causé un bouleversement dans l’histoire du monde: pour la première fois, un Etat unitaire aussi vaste que le futur Empire romain voit le jour et se développe durant plus de deux siècles (550-330). Cette histoire se poursuit jusqu’à la mort d’Alexandre le Grand (323) qui, du point de vue géopolitique, est en quelque sorte  » le dernier des Achéménides « . Aujourd’hui encore les terrasses, palais, reliefs, peintures et briques émaillées de Pasargades, Persépolis et Suse, les impressionnantes tombes royales de Naqsi-Rustam, la statue monumentale de Darius le Grand, tout vient rappeler au visiteur abasourdi la puissance et le luxe inouïs des Grands Rois et de leurs Fidèles.

Longtemps reléguée dans une ombre épaisse par le prestige conjugué de l' » Orient millénaire  » et de la  » Grèce éternelle  » dont elle était exclue, l’histoire achéménide a reçu une impulsion entièrement nouvelle au cours des vingt dernières années. Débarrassée des oripeaux de la  » décadence orientale  » et de la  » stagnation asiatique « , la recherche a également bénéficié de découvertes documentaires décisives dont le nombre n’a cessé de croître, qu’il s’agisse de textes ou de vestiges archéologiques, numismatiques ou bien iconographiques.

C’est cette documentation immense et diversifiée que le livre met entre les mains du lecteur: les multiples citations de documents écrits et insertions d’images permettent de suivre l’auteur dans sa démarche d’historien qui, à travers l’espace et le temps, cherche à comprendre comment naît, se développe et sombre un tel empire. Construit sur ces piliers documentaires, nourri par des discussions qui ne masquent pas les interrogations persistantes, clairement articulé autour de chapitres-bilans, ce livre sans précédent ni équivalent offre aussi le minutieux exposé des divergences interprétatives et des hypothèses alternatives, une bibliographie exhaustive et un index très développé. Il s’adresse aussi bien aux historiens, sociologues et anthropologues qu’au lecteur passionné de recherches historiques et de vastes espaces.

Pierre Briant, professeur d’histoire de l’Antiquité à l’université de Toulouse-II Le Mirail, est spécialiste de l’histoire du Moyen-Orient à l’époque de la domination perse et des conquêtes d’Alexandre. Il est notamment l’auteur d’Alexandre le Grand (1994), d’Etat et pasteurs au Moyen-Orient ancien (1982), de Rois, tributs et paysans (1982) et de Darius, les Perses et l’Empire (1992).

Malek Bennabi – POURRITURES

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Les mémoires de Bennabi relatent son histoire, mais ils ont aussi leur propre histoire. On ne sait pas exactement quand est-ce qu’il s’est mis à leur rédaction mais il semble qu’il s’y soit très tôt préparé en prenant l’habitude de fixer dans une sorte de journal intime la matière qui y pourvoirait en temps utile. On trouve dans les archives qu’il a laissées des traces de ce journal sous forme de feuilles volantes écrites à la main remontant à 1936 et établissant qu’il prenait déjà note des réflexions et impressions que lui inspiraient les évènements et la vie en général en prenant soin de les dater.

Ce qu’on sait directement de lui, par contre, c’est qu’il a commencé la rédaction du tome 1 de ses Mémoires, «L’Enfant», le 05 mai 1965. Ainsi, on apprend par ses « Carnets » qu’il en est à la page 49 à la date du 19 mai, à la page 103 le 05 juin, et à la page 148 le 18. Enfin, le 27 juin 1965, il peut annoncer avec soulagement : «Je viens de terminer la première partie de mes mémoires que je compte publier en volumes séparés correspondant aux trois phases de ma vie». Il lui aura donc fallu moins d’un mois et demi pour nous livrer le récit détaillé, vivant et coloré de sa vie entre 1905 et 1930. Mais cela aurait-il été possible sans l’aide d’un brouillon ou de points de repères quand on considère la masse des faits et souvenirs qui y sont rapportés et quand on sait qu’il est alors âgé de soixante ans ?

Dans un manuscrit inédit (« Pourritures ») Bennabi nous apprend qu’en septembre 1939, avec le déclenchement de la seconde guerre mondiale, les autorités coloniales renforcent les mesures de surveillance des milieux politiques algériens. A Tébessa, la police procède à des perquisitions chez des particuliers. Il écrit : «La police commençait les perquisitions chez tout le monde. Je pris donc mes précautions. Je remis mes papiers dans une serviette à Khaldi qui la confia à sa brave mère». Que pouvaient être ces «papiers» sinon les supports de ses notes et des brouillons divers? Il nous apprend aussi qu’en juin 1951, dans un contexte similaire, il avait fait brûler par sa sœur aînée des « carnets de notes».

Quant au tome 2 de ses Mémoires, «L’Etudiant», il affirme l’avoir commencé le 21 février 1966 et achevé le 21 juillet 1967. On en déduirait qu’il a nécessité près d’un an et demi de travail, mais en fait il ne lui a pas consacré autant de temps. Je savais dès 1990 – quand j’ai pris connaissance pour la première fois du manuscrit de «Pourritures» – que «L’Etudiant» n’était qu’un des quatre chapitres de ce manuscrit de 373 pages rédigé entre le 1er mars 1951 et le 20 juin 1954. Rien ne dit d’ailleurs que la date du 20 juin 1954 et la page 373 signent la fin réelle de cet inédit. Tout indique au contraire que cette fin n’est pas «naturelle» car le récit s’arrête ex abrupto, ce qui n’est pas dans les usages de Bennabi qui signale systématiquement le début et la fin d’un travail.[1]

Il faut savoir que c’est de justesse que les deux premiers chapitres de «Pourritures» n’ont pas connu le sort des carnets brûlés en 1951. Ils ont été sauvés par deux membres de l’Association des Oulamas, amis de Bennabi, Abderrahman Chibane et Brahim Mazhoudi, lesquels, étant venus les lui restituer (il les leur avait confiés quelques semaines auparavant), l’entendirent leur déclarer qu’il allait les détruire pour qu’ils ne tombent pas entre les mains de la police qui s’intéressait alors de près à lui. Mazhoudi lui arracha des mains l’enveloppe en lui disant : «Ils doivent rester pour l’histoire !».

Autre particularité du manuscrit de «Pourritures» : à partir de la page 338, c’est-à-dire du 06 octobre 1953, Bennabi passe du style de rédaction littéraire à la prise de notes synthétiques et datées. Nous sommes déjà dans le style des « Carnets » et il en sera ainsi jusqu’à la mort de Bennabi qui, après la rédaction et la publication de «L’Etudiant» en arabe, ne s’est plus attaché à mettre en forme la suite de ses Mémoires soit parce qu’il ne le souhaitait plus, soit parce qu’il considérait que leur publication était inenvisageable. Mais il y pensait puisqu’on le voit écrire dans une note du 31 mars 1970 : «Je pense à ces «Mémoires d’un témoin du siècle » que je souhaite tant terminer malgré la trahison de la colonisabilité et le machiavélisme du colonialisme».

Michel Chodkiewicz – Le Sceau des saints – Prophétie et sainteté dans la doctrine d’Ibn Arabî

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Né à Murcie en 1165, mort à Damas en 1240, Ibn Arabî – «le Maître spirituel par excellence» – exerce depuis huit siècles une influence majeure sur la mystique musulmane. Critiquée, aujourd’hui comme hier, par les adversaires du soufisme, son œuvre immense offre en particulier la première formulation globale et cohérente d’une doctrine de la sainteté en islam.
Cet enseignement, qui ne sépare jamais l’énoncé doctrinal de l’expérience visionnaire, expose une vaste typologie des saints fondée sur la notion d’héritage prophétique. Il décrit avec précision les étapes et les épreuves redoutables du voyage spirituel. Mais si cet itinéraire est d’abord une montée vers Dieu, il ne trouve son accomplissement que dans le retour vers les créatures, faisant ainsi du saint l’indispensable médiateur entre Ciel et terre.

Jeffrey James Byrne – Mecca of Revolution Algeria,

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Mecca of Revolution traces the ideological and methodological evolution of the Algerian Revolution, showing how an anticolonial nationalist struggle culminated in independent Algeria’s ambitious agenda to reshape not only its own society, but international society too. In this work, Jeffrey James Byrne first examines the changing politics and international strategies of the Algerian National Liberation Front (FLN) during its war with France, including the embrace of more encompassing visions of « decolonization » that necessitated socio-economic transformation on a global scale along Marxist/Leninist/Fanonist/Maoist/Guevarian lines. After independence, the Algerians played a leading role in Arab-African affairs as well as the far-reaching Third World project that challenged structural inequalities in the international system and the world economy, including initiatives such as the Non-Aligned Movement, the G77, and the Afro-Asian movement. At the same time, Algiers, nicknamed the « Mecca of Revolution, » became a key nexus in an intercontinental transnational network of liberation movements, revolutionaries, and radical groups of various kinds.

Drawing on unprecedented access to archival materials from the FLN, the independent Algerian state, and half a dozen other countries, Byrne narrates a postcolonial, or « South-South, » international history. He situates dominant paradigms such as the Cold War in the larger context of decolonization and sheds new light on the relationships between the emergent elites of Africa, the Middle East, Asia, and Latin America.

Mecca of Revolution shows how Third Worldism evolved from a subversive transnational phenomenon into a mode of elite cooperation that reinforced the authority of the post-colonial state. In so doing, the Third World movement played a key role in the construction of the totalizing international order of the late-twentieth century.

Se défendre. Une philosophie de la violence – Elza Dorlin

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En 1685, le Code noir défendait « aux esclaves de porter aucune arme offensive ni de gros bâtons » sous peine de fouet. Au XIXesiècle, en Algérie, l’État colonial interdisait les armes aux indigènes, tout en accordant aux colons le droit de s’armer. Aujourd’hui, certaines vies comptent si peu que l’on peut tirer dans le dos d’un adolescent noir au prétexte qu’il était « menaçant ».
Une ligne de partage oppose historiquement les corps « dignes d’être défendus » à ceux qui, désarmés ou rendus indéfendables, sont laissés sans défense. Ce « désarmement » organisé des subalternes pose directement, pour tout élan de libération, la question du recours à la violence pour sa propre défense.
Des résistances esclaves au ju-jitsu des suffragistes, de l’insurrection du ghetto de Varsovie aux Black Panthers ou aux patrouilles queer, Elsa Dorlin retrace une généalogie de l’autodéfense politique. Sous l’histoire officielle de la légitime défense affleurent des « éthiques martiales de soi », pratiques ensevelies où le fait de se défendre en attaquant apparaît comme la condition de possibilité de sa survie comme de son devenir politique. Cette histoire de la violence éclaire la définition même de la subjectivité moderne, telle qu’elle est pensée dans et par les politiques de sécurité contemporaines, et implique une relecture critique de la philosophie politique, où Hobbes et Locke côtoient Frantz Fanon, Michel Foucault, Malcolm X, June Jordan ou Judith Butler.Prix Frantz Fanon 2018 (Caribbean Philosophical Association)

 

Les berbères en Amérique

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En 1930, à l’occasion de la centaine de la colonisation française en Algérie, G. Cauvet, un chercheur français, publia un livre intitulé « Les Berbères en Amérique ». Ce livre, édité à Alger chez J. Bringau, est demeuré presque inconnu. Il est basé sur des recherches menées par l’auteur sur les noms ethniques des tribus Berbères et Indiennes d’Amérique. Cauvet avait montré que plusieurs noms de tribus et de toponymes étaient les mêmes.

Certains noms Américains ne se retrouvent qu’en Tamazgha (Afique du Nord), ou sur les lignes de migration qui y mènent et non dans les autres parties du globe. Ces travaux ont été publié dans le Bulletin de la Société de Géographie d’Alger de 1924 à 1930.

Le Mexique insurgé – John Reed

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Rentré du Mexique où il avait suivi les troupes de Pancho Villa jusque dans la décisive bataille de Torreón, John Reed rassembla les articles écrits sur le vif pour le Metropolitan et le matériel qu’il n’avait pas publié, pour faire une œuvre résumant son expérience de la révolution au sud du Rio Grande. Le résultat est cette vaste fresque où le témoignage est porté par un lyrisme et une poésie qui épousent l’esprit et l’atmosphère de la révolution mexicaine. Identifié à la cause de Villa dont il dresse sur plusieurs chapitres un saisissant portrait, John Reed, mêlant réalité historique et vérité des sentiments, retrace sur fond de ciels embrasés et de montagnes de porphyre le combat acharné d’un peuple pour la terre et la justice.

Le Mexique insurgé est le premier des grands récits de Reed, précédant La Guerre dans les Balkans et Dix jours qui ébranlèrent de monde, trois ouvrages de référence sur les événements qui ont marqué le début du XXe siècle : l’insurrection mexicaine, la Première Guerre mondiale et la révolution d’Octobre.

Histoire des relations culturelles dans le monde contemporain – François Chaubet, Laurent Martin

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Révolutions artistiques à Paris ou New York, migrations scientifiques vers les grands campus américains, action culturelle des États en temps de paix ou de guerre froide afin de conforter leur puissance, les enjeux du monde contemporain ont été, souvent, des enjeux profondément culturels. En combinant l’histoire des Relations Internationales et l’histoire culturelle transnationale, ce livre entend offrir la première réelle synthèse sur les multiples interactions culturelles, qu’elles prennent la forme des circulations massives d’images et de sons des industries culturelles ou médiatiques ou celles, plus restreintes, des échanges intellectuels et artistiques.
Attentif aux récents objets de la recherche, de l’exil intellectuel au 20e siècle à la question de la culture coloniale ou impériale, cet ouvrage se propose d’être un outil de travail et de réflexion pour la compréhension du monde contemporain.

François Chaubet, maître de conférences à l’université de Tours et chercheur rattaché à Sciences Po, est spécialiste de l’histoire des relations culturelles internationales.
Laurent Martin, chargé de recherches au Centre d’histoire de Sciences Po, est spécialiste de l’histoire des médias et des rapports entre culture et politique au 20e siècle

Notes de chevet – Sei-Shônagon

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C  omposées dans les premières années du XIe siècle, au moment de la plus haute splendeur de la civilisation de Heian, au moment où Kyôto s’appelait Heiankyô, c’est-à-dire «Capitale de la Paix», par une dame d’honneur, Sei Shônagon, attachée à la princesse Sadako, laquelle mourut en l’an 1000, les Notes de chevet appartiennent au genre sôshi, c’est-à-dire «écrits intimes». Avec Les heures oisives de Urabe Kenkô et les Notes de ma cabane de moine de Kamo no Chômei, les Notes de chevet de Sei Shônagon proposent, sous forme de tableaux, de portraits, d’historiettes, de récits, une illustration du Japon sous les Fujiwara.
Avec l’auteur du Roman de Genji, Noble Dame Murasaki, Sei Shônagon est une des plus illustres parmi les grands écrivains féminins du Japon. Si l’auteur du Roman de Genji est constamment comparé, dans son pays, à la fleur du prunier, immaculée, blanche, un peu froide, Sei Shônagon est égalée à la fleur rose, plus émouvante, du cerisier. Ceux qui liront, nombreux nous l’espérons pour eux, les Notes de chevet sont assurés de découvrir un des plus beaux livres jamais écrits en langue japonaise, et qu’une introduction et des notes leur permettront de goûter dans le plus intime détail, y compris tous les jeux subtils sur les mots.

Qu’est-ce que le shi’isme – Mohammad Ali Amir-Moezzi, Christian Jambet

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Des événements tragiques qui frappent aujourd’hui le Moyen-Orient et qui nous sont donnés à voir sur les écrans de télévision, des combats fratricides entre musulmans d’un même pays, que comprenons-nous en Occident ? Minorité la plus importante, majoritaire en Iran, Irak, Azerbaïdjan et à Bahreïn, les shi’ites occupent une place centrale au sein de l’islam. Mais que savons-nous réellement du shi’isme ? Écrite par deux spécialistes de notoriété mondiale, cette synthèse rassemble les principaux traits des univers spirituel et intellectuel du shi’isme, présente ses fondements doctrinaux, la généalogie de ses maîtres (depuis Ali, gendre de Mahomet), ses sources (Coran et Hadith), son évolution historique et sa philosophie, et analyse les processus qui ont conduit une religion ésotérique et mystique à se transmuer en idéologie politique.

La Révolution française à la Martinique (1936) – Henry Lémery

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Extrait: Les révolutions changent de caractère à mesure que leurs effets se développent non seulement dans le temps, mais dans l’espace. Chaque milieu réagit à sa façon à l’incendie qui se propage, révélant parfois le pouvoir explosif d’idées et de situations profondément différentes de celles qui ont occasionné la première déflagration.
La grande Révolution de 1789 en est le plus frappant exemple. Nul autre mouvement d’humanité n’a eu une telle puissance d’expansion. Tout contribuait à en faire un événement entre tous exceptionnel : la méditation séculaire d’un peuple de penseurs, une soudaine floraison de l’intellectualité et du sentiment, l’ardente poussée de sève d’une race d’élite en pleine maturité. Nous en connaissons assez les effets au pays de l’Esprit des Lois et du Contrat social. Mais le ferment de rénovation porté au-delà de nos frontières par les armées de la République, diffusé par nos écrivains et nos philosophes à travers l’univers, devait produire des résultats auxquels nul n’avait tout d’abord songé : en Europe l’affirmation du principe des nationalités et les nouveaux impérialismes qui en procèdent ; dans le monde, la croissante et chaque jour plus troublante complication du problème des races. Et sans doute les effets de la grande commotion, après bientôt un siècle et demi, n’ont-ils pas encore fini de se développer.

Histoire de New York – Washington Irving,

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Publié pour la première fois en 1809 sous le nom d’auteur fictif de Diedrick Knickerbocker, Histoire de New York connut immédiatement un immense succès et fit de Washington Irving le premier écrivain américain de renommée internationale ; il constitue en cela l’acte de naissance officiel de la littérature américaine. Walter Scott confessait avoir ri à s’en tenir les côtes en le lisant : c’est qu’Histoire de New York, dans lequel Irving s’attache à démythifier les origines des États-Unis, oscille entre ironie mordante et comique exubérant ; il y parodie le style pédant des historiens et caricature à traits vigoureux les grandes figures politiques de son temps. C’est l’occasion de découvrir une époque méconnue de New York, celle de sa fondation, mais aussi de saisir les échos de la vie politique des États-Unis au temps de Jefferson. La présente édition est une version révisée d’une traduction française anonyme de 1827, pour la première fois rééditée, et augmentée pour tenir compte de modifications apportées ultérieurement par Washington Irving.

Texte établi par Valentin Fonteray

La domination masculine_Pierre Bourdieu

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La domination masculine est tellement ancrée dans nos inconscients que nous ne l’apercevons plus, tellement accordée à nos attentes que nous avons du mal à la remettre en question.

La description ethnographique de la société kabyle, conservatoire de l’inconscient méditerranéen, fournit un instrument puissant pour dissoudre les évidences et explorer les structures symboliques de cet inconscient androcentrique qui survit chez les hommes et les femmes d’aujourd’hui.

Mais la découverte des permanences oblige à renverser la manière habituelle de poser le problème : comment s’opère le travail historique de déshistorisation ? Quels sont les mécanismes et les institutions, Famille, Église, École, État, qui accomplissent le travail de reproduction ? Est-il possible de les neutraliser pour libérer les forces de changement qu’ils entravent ?

DANS LA COLONIE PÉNITENTIAIRE – Franz Kafka

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Si, dans un pays étranger, on est témoin de pratiques qui paraissent contraires au bon sens et à la justice, que doit-on faire? La question obsède l’explorateur invité à assister à la punition du soldat indiscipliné dans la colonie pénitentiaire. Bizarre est l’instrument du supplice, mais plus bizarre encore celui qui s’est appointé exécuteur, ce tortionnaire illuminé qui applique jusqu’à l’absurde la loi dont il se veut le serviteur. Le dénouement survient dans un climat fantastique où l’impuissance de l’explorateur à empêcher le drame lui donne une dimension de cauchemar.
C’est en quoi ce récit est une excellente illustration de l’art de Kafka. Il contient la plupart des thèmes développés dans les nouvelles qui suivent. Plus encore que les intentions contradictoires qui animent les meilleurs comme les pires d’entre nous, ou les ravages de la sottise, on y voit mise en évidence la solitude de l’homme de bonne volonté dans un monde hostile. Le trapéziste de Premier chagrin et le Champion de jeûne s’efforcent d’atteindre à la perfection: à quoi bon? Et que vous ayez tort de faire quoi que ce soit, Le Terrier ou La Taupe géante le prouvent puisque, même en ne faisant rien, vous n’échappez pas à l’emprise de cet autrui persécuteur — incarné dans Une Petite Femme — qui peuple l’univers pessimiste de Kafka.

Une odeur de mantèque – Mohammed Khaîr-Eddine

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Un écrivain marocain en exil raconte, par le truchement d’un personnage de vieillard, habitant d’un lointain village, et sur le mode le plus direct et le plus lyrique qui soit, ses hantises d’homme de la terre qu’il a quittée. Son passé jaillit, torturé, plein d’odeurs et de bouillonnements – la mantèque, c’est la graisse animale dans laquelle on fait la cuisine -, et son avenir de misère se fait jour aussi, au rythme des imprécations et des cris de joie, de la virulence politique et du grognement de plaisir. Voyage onirique, mémoire et histoire s’entremêlent ici pour nous donner à lire l’un des romans majeurs de Mohammed Khaïr-Eddine.

medecine du prophete mouhammad, la – Jalal Ad-Din As-Suyûtî

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Description: Dans cet ouvrage, vous constaterez la grandeur de la sagesse du Prophète de l’Islam en matière santé.

La santé ne se limite pas uniquement à la préservation du corps des maladies, telle est la directive principale du Prophète (pbsl).

La médecine prophétique s’est, en effet intéressée à l’être humain dans sa globalité, tenant compte de la dimension du corps, de l’esprit et du coeur.

Parmis ses nombreux enseignements, notre bien- aimé Prophète (pbsl) a rappelé la beauté du Don divin de la vie et l’importance d’honorer cette vie en préservant sa santé. En effet, il a toujours incité ses disciples et les fidèles de sa communauté à se prémunir des maladies, à se soigner en recherchant les remèdes à leurs maladies, y compris celles de l’âme, celles qui éloignent le serviteur de Son Seigneur.

 » Dans la prière, il y a une guérison « , disait-il (pbsl), guérison qu’est la paix du coeur et de l’âme amenant alors un état de bien-être général et une quiétude sans égal.

Le lecteur découvrira, très certainement, dans cet illustre ouvrage de l’imâm As-Souyoûtî, de nombreux conseils pratiques, des réflèxions et d’éternelles sagesses.

Quand on parcourt la Sounna du Prophète (Bénédictions et Salut de Dieu sur lui), on y trouve des indications évidentes sur ces différents domaines de la médecine: les maladies physiques, les maladies mentales et pssychologiques. Il est (Bénédictions et Paix de Dieu sur lui) le médecin du corps et de l’âme. C’est lui qui a dit :  » A chaque maladie Dieu a fait descendre un remède (une guérison). »

Ousâma Ibn Chourayk a rapporté cecu:  » Je suis venue à la rencontre du Messager de Dieu. Ses Compagnons se tenaient immobiles tels des perchoirs sur lesquels se tenaient sans crainte les oiseaux, je l’ai salué, puis m’assis. Quand les délégations de bédouins arrivèrent, ils commencèrent à le questionner. Certains lui demandèrent:  » O Messager de Dieu ! Doit-on se soigner ? » Il leur répondit:  » Soignez-vous, car toute maladie Dieu a fait descendre un remède, exepté une seule maladie: la maladie de la vieillesse. »

Son Excellence Naguib Mahfouz.

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Othmân Bayyoumi est un fonctionnaire assidu et pieux, un serviteur zélé de l’Etat – cet Etat égyptien aussi vieux que le monde, qu’il considère comme “le souffle de Dieu sur terre”. Toute sa carrière, du huitième au premier échelon, se déroule, aride et solitaire, comme s’il s’agissait de la “voie” que doit parcourir un soufi, station après station, pour accéder à la lumière divine. Mais cette ascension dans la hiérarchie est aussi une descente aux enfers. Othmân lui a sacrifié toutes les joies de l’existence, traitant avec mépris Saïda, son premier amour, puis Saniya et Assila, toutes indignes, selon lui, d’épouser un futur directeur général. Seule lui convenait sa liaison secrète et sordide avec la prostituée Qadriya, qui ne risquait pas de le détourner de son ambition sacrée… En campant un antihéros à la fois pathétique et vil, Naguib Mahfouz révèle les rouages d’une administration qui se perpétue en marge de l’histoire, insensible aux bouleversements politiques et sociaux qu’a connus l’Egypte depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Né au Caire, Naguib Mahfouz (1911-2006) est l’auteur de plus de cinquante romans et recueils de nouvelles qui lui ont valu en 1988 le prix Nobel de littérature. Une grande partie de son oeuvre est disponible en français chez Sindbad / Actes Sud et dans la collection Babe

ABDELKRIM Une épopée d’or et de sang de Zakya Daoud

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Ce juriste, fils de notable, fut d’abord le premier journaliste marocain, avant de prendre les armes contre l’occupant espagnol. L’Espagne lui doit sa défaite militaire la plus cuisante : la bataille d’Anoual (juillet 1921) qui fit 15 à 20 000 victimes dans les rangs de l’armée espagnole. Pendant deux ans, il a tenu les montagnes du Rif et mis en place une véritable « république du Rif » (1921-1926) vécu comme un prélude à la libération de tout le Maroc. Un peu partout dans le monde des « révolutionnaires » ont eu les yeux tournés vers l’émir Adelkrim. Madrid est tenté d’abandonner la région aux rebelles, mais maréchal Lyautey demande son élimination. Paris craint la contagion anti-coloniale. La victoire de l’émir aurait changé le cours de l’histoire d’un pays colonisé depuis peu. La France et l’Espagne, ont dû se coaliser et aligner près de 500 000 hommes et 42 généraux (dont le général Pétain) et dix escadrilles aérienne pour en venir à bout. La France envoie l’émir vaincu à la Réunion pour un exil qui dure 21 ans. En 1946, il parvient à s’évader.

« En 1947, il rejoint Le Caire pour y diriger pendant quelques années le Bureau du Maghreb arabe, recevant dans sa résidence de Koubbeh Garden toutes sortes de personnalités avides de rencontrer cette légende vivante. Choyé par Abdel Nasser et par le Roi d’Arabie, il refuse obstinément de rentrer au Maroc tant que le dernier soldat étranger n’en est pas sorti et que l’Algérie voisine n’est pas libre. C’est en irréductible qu’il meurt en 1962 à l’âge de 80 ans et c’est de l’irréductible que l’histoire se souvient et a fait un mythe, voire un tabou encore vivace dans son pays d’origine, le Maroc. » (extrait d’un article de la revue Quantara).

Nasser lui accorda des funérailles nationales. Au Maroc on préféra oublier celui qui incarner l’idée d’un Maroc républicain… En octobre 1999, le jeune roi Mohammed VI, lors de sa visite au nord du Maroc, a rencontré Saïd el Khattabi, le fils de l’émir Abdelkrim. Ce geste fut très symbolique quand on sait qu’Abdelkrim aurait, par sa légende, put être un rival sérieux du Sultan du Maroc… si la France lui avait permis de retrouver le pays dont il fut chassé à jamais en 1926.

 

 

 

Malek Bennabi – La lutte idéologique

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Extraits de ” la lutte idéologique” de Malek Bennabi :

Avant propos : L’auteur autochtone et l’auteur progressiste dans la lutte idéologique contre le colonialisme

Il est des thèmes qu’il n’est vraiment pas utile d’aborder si les arguments présentés ne découlent pas d’une expérience personnelle. Une expérience qui permet de les éclairer de l’intérieur.

La lutte idéologique dans les pays colonisés compte parmi ces questions.

[…]

Dans les pays colonisés où, trop souvent, on ignore ce combat bien qu’il se déroule à l’intérieur de nos frontières et qu’ensuite ils en constituent, eux-mêmes l’enjeu

Il y a d’une part cet aspect. De l’autre, nous relevons comment, à l’extérieur, l’auteur progressiste ignore de son côté cette lutte : nous constatons, à titre d’exemple, comment en participant au combat contre le colonialisme aux côtés des colonisés, son action se limite exclusivement au seul domaine politique.

Il se retire et s’en lave les mains dès que ce combat prend l’allure d’une lutte idéologique, comme s’il n’en avait cure, ennuyé par sa nouvelle formule. Il pense, en d’autres termes, que l’homme colonisé a le droit de se défendre tant que cette défense se limite strictement au champ politique, mais, une fois transposée au domaine des idées, il estime que cet homme a mis son nez dans un champ auquel il n’a pas droit.

II est possible d’expliquer une telle situation par la lourde chape d’opacité qui couvre la lutte idéologique dans les pays colonises ; ce qui place les autochtones a l’intérieur et les auteurs progressistes a l’extérieur dans l’incapacité de saisir ses contours. Néanmoins, l’expérience montre que parfois, cette ignorance peut être, d’une façon ou d’une autre, une simple parodie, le fruit d’une simulation. Par ailleurs, les dirigeants politiques nationalistes dans les pays colonises adoptent dans la bataille des idées – pour des raisons déterminées – une attitude neutre ou négative, voire hostile.

En dehors des pays colonises, l’écrivain progressiste adopte, pour sa part une position similaire alors que, engageant le combat contre le colonialisme il se range aux cotes de ce même colonialisme des que cette bataille revêt un aspect idéologique.

En analysant cette attitude étrange, l’on arrive a déduire que l’auteur progressiste est contraint, dans une telle bataille, a répondre a des considérations qui lui sont inculquées ou que son comportement découle dans ce domaine de complexes hérités. Dans les deux cas, son attitude a l’égard de la lutte idéologique dans les pays colonises est une attitude au pire hostile, neutre au mieux.

[…]

A la lumière de ce qui précède, il n’est pas dans mon intention, néanmoins, d’émettre un jugement généralisé au sujet de la littérature progressiste et des auteurs progressistes. Nous relevons dans l’expression de leurs positions en Europe la probité des idées, l’intégrité morale, le courage et la grandeur d’âme. Des qualités qui forcent le respect de tout être respectable.

La Grande Maison Mohammed Dib

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« Omar avait fini par confondre Dar-Sbitar avec une prison. Mais qu’avait-il besoin d’aller chercher si loin ? La liberté n’était-elle pas dans chacun de ses actes ? Il refusait de recevoir de la main des voisins l’aumône d’un morceau de pain, il était libre. Il chantait s’il voulait, insultait telle femme qu’il détestait, il était libre. Il acceptait de porter le pain au four pour telle autre, et il était libre. »

La Double Absence. Des illusions de l’émigré aux souffrances de l’immigré – Abdelmalek Sayad

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Ce livre présente la synthèse de vingt années de recherches, menées en France et en Algérie, sur l’émigration et l’immigration, deux phénomènes qui sont aussi indissociables que le recto et le verso de la même feuille et pourtant très différents en apparence, au point qu’on croit pouvoir comprendre l’un sans connaître l’autre.

Abdelmalek Sayad restitue à l’immigration tout ce qui en fait le sens, c’est-à-dire le non-sens : par des entretiens admirables de délicatesse et de compréhension, il amène les immigrés à livrer le plus profond de leur intimité collective, les contradictions déchirantes dont leur existence déplacée est la conséquence. C’est par exemple l’immense mensonge collectif à travers lequel l’immigration se reproduit, chaque immigré étant conduit, par respect pour lui-même et aussi pour le groupe qui lui a donné mandat de s’exiler, à dissimuler les souffrances liées à l’émigration et à encourager ainsi de nouveaux départs. Ce sont les contradictions de tous ordres qui sont inscrites dans la condition d’immigré, absent de sa famille, de son village, de son pays, et frappé d’une sorte de culpabilité inexpiable, mais tout aussi absent, du fait de l’exclusion dont il est victime, du pays d’arrivée, qui le traite comme simple force de travail. Autant de choses qui ne sont pas seulement dites dans le langage habituel de la littérature critique, mais également dans la langue que les immigrés emploient eux-mêmes pour faire part avec beaucoup d’intensité et de justesse, de leur propre expérience. On ne pourra plus, après avoir lu le livre, regarder de la même façon les immigrés que l’on croise distraitement dans le métro ou dans la rue, ni écouter avec la même indulgence les discours dont ils font l’objet et qui, même les mieux intentionnés, les enfoncent dans leur étrangeté.

L’Incendie Mohammed Dib

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Dans les montagnes apparemment paisibles de la région de Tlemcen, l’incendie fait des ravages, dans les gourbis agricoles et dans le cœur des hommes. En vacances dans sa famille, le petit Omar, effaré, assiste à cet embrasement. Les fellahs s’insurgent, se révoltent et décrètent la grève pour protester contre leur condition misérable. Pour les colons, ils deviennent des « incendiaires » tout désignés. Les arrestations commencent…

Kourouma, Ahmadou – Quand on refuse on dit non

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Où l’on retrouve Birahima, l’enfant-soldat des guerres tribales de Sierra Leone et du Liberia. Maintenant démobilisé, il se débrouille à Daloa, une ville du Sud de la Côte-d’Ivoire où il exerce la fonction d’aboyeur pour une compagnie de gbagas, les taxis-brousse locaux. Mais il rêve toujours de richesse et de gloire. Surtout, il n’a d’yeux que pour Fanta, belle comme un masque gouro. Lorsque la fille décide de fuir vers le Nord, Birahima se propose comme garde du corps. Chemin faisant. Fanta entreprend de faire l’éducation de son jeune compagnon. Elle lui raconte l’histoire de leur pays, des origines à nos jours, que le gamin interprète à sa façon naïve et malicieuse. Et puis que ne donnerait-il pas pour boire ainsi les paroles de Fanta ?

Jacques Berque, Le Coran, Essai de Traduction

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Seize années de travail, et une vie tout entière consacrée à l’étude de l’Islam, avaient été nécessaires au professeur Jacques Berque pour proposer un « essai de traduction » du Coran. À la fois savante et littéraire, cette oeuvre monumentale, témoignant d’une intime familiarité avec le monde arabe et la tradition de l’Islam, fut saluée comme un événement pour l’approche de cette culture par le public francophone.
Après quatre ans de travail supplémentaires, Jacques Berque, qui fut l’infatigable explorateur des mille subtilités de la langue coranique, améliora son texte en y apportant des centaines de retouches d’après les remarques de lecteurs érudits, et particulièrement celles de cheikhs de l’Islam. Cette seconde édition, entièrement révisée, nous fait redécouvrir le Coran dans le souffle de ses origines, ouvrant les perspectives d’un Islam éclairé où foi et raison auraient toutes deux leur place.

Itinéraire d’un salaud ordinaire Livre de Didier Daeninckx

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Clément Duprest, brillant étudiant en droit, intègre la police nationale en 1942. Contrairement à certains de ses collègues, Duprest ne «fait pas de politique» : il va se contenter de mettre au service de ses patrons son intelligence et son sens de l’observation. Au sein de la «brigade des propos alarmistes», il est chargé de repérer et de neutraliser les individus hostiles à Vichy… Ainsi commence la longue carrière d’un fonctionnaire que certains diraient irréprochable. Duprest sera mêlé, au cours de sa vie, à nombre d’événements qui ont marqué la chronique. Didier Daeninckx, à travers les faits et gestes quotidiens d’un salaud tout à fait ordinaire, nous invite à revisiter quarante ans d’histoire française, depuis la rafle du Vél’ d’Hiv jusqu’à la candidature de Coluche à l’élection présidentielle de 1981 : Occupation, Libération, décolonisation, affaires politico-mafieuses, mouvements étudiants, grèves ouvrières, répression policière… Comme dans Meurtres pour mémoire, le savoir-faire du romancier s’appuie à la fois sur une analyse très fine des comportements humains et sur une multitude de détails véridiques, qui rendent captivante cette traversée du dernier demi-siècle.

Histoire et conscience de classe Essais de dialectique marxiste – Georg Lukàcs

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Cette œuvre célèbre du grand philosophe hongrois peut être considérée comme le livre-clé de la pensée marxiste de la première moitié du XXe siècle. Elle paraît aujourd’hui pour la première fois en traduction, dans un texte intégral précédé d’une étude philosophique et historique par Kostas Axelos.
Rédigé directement en langue allemande, et tiré à quelques centaines d’exemplaires seulement, Geschichte und Klassenbewusstsein a été publié à Berlin en 1923 et ses théories furent tout de suite violemment combattues par les communistes orthodoxes et par la social-démocratie, alors qu’elles étaient ignorées de la pensée de droite. L’auteur sera amené à désavouer lui-même ce livre qui n’en continuera pas moins d’exercer une grande influence, en dépit de la destruction de la quasi-totalité des exemplaires existants.

‑‑‑‑‑ Table des matières ‑‑‑‑‑

Préface de Kostas Axelos – Avant-propos de Georg Lukàcs – Qu’est-ce que le marxisme orthodoxe ? – Rosa Luxembourg, marxiste – La conscience de classe – La réification et la conscience du prolétariat : I. Le phénomène de la réification. II. Les antinomies de la pensée bourgeoise. III. Le point de vue du prolétariat – Le changement de fonction du matérialisme historique – Légalité et illégalité – Remarques critiques sur la critique de la révolution russe de Rosa Luxembourg – Remarques méthodologiques sur la question de l’organisation – En guise de postface

 

Guillaume d’Ockham le singulier – Pierre Alféri

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Au début du XIVe siècle, Guillaume d’Ockham assigna à la philosophie une tâche nouvelle, dont elle a encore à s’acquitter : penser la singularité de chaque chose, décrire depuis ce point irréductible le contenu de l’expérience et le fonctionnement du langage. Pour cerner ce projet, on propose ici une interprétation systématique de la pensée d’Ockham. En affirmant résolument leur singularité, il cherche dans les choses mêmes un point de départ modeste pour la philosophie. C’est le projet d’une ontologie réduite à sa plus simple expression. Il demande à l’expérience de montrer comment cet arbre, cette pierre devient pour nous l’élément d’une série – les arbres, les pierres. C’est le projet d’un empirisme. Il demande au langage de montrer que l’on peut, fût-ce par des termes généraux, signifier des choses singulières, afin d’analyser la référence sous toutes ses formes. C’est le projet d’un nominalisme. Singularité, sérialité, référence : trois faits fondateurs et trois questions à nouveau ouvertes. Qu’est-ce que le singulier ? Comment, autour de lui, constituer des séries ? Comment le signifier ? Cet ouvrage est paru en 1989.

Ils venaient d’Algerie l’immigration algérienne en France 1912-1992 Benjamin Stora

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Loin de leur pays natal transformé en ghetto colonial, c’est la liberté qu’ils venaient chercher en France. L’Algérie, ils la rêvaient indépendante. Mais c’est dans les cafés-hôtels de l’exil qu’ils allaient créer les premières organisations nationalistes des années trente.

Vint la guerre clandestine du FLN en France, combat contre les autorités françaises mais aussi lutte secrète et féroce pour le contrôle de la communauté immigrée qu’encadrait encore le Mouvement national algérien de Messali Hadj.

1962, l’indépendance. Ecartés par le FLN, les dirigeants de sa fédération de France goûtent le fruit amer des espoirs déçus. Libre, l’Algérie devait nourrir tous ses fils et mettre fin à leur exil. Mais le destin en décide autrement: au lieu de disparaître, l’immigration s’installe.

Ils venaient d’Algérie, ils resteront en France. Les jeunes Maghrébins des années quatre-vingt s’interrogent: comment s’intégrer dans la société française sans renier leurs racines? Parce qu’il fait revivre l’histoire si mal connue de la communauté algérienne en France, parce qu’il rappelle que son passé ne la rend guère sensible aux sirènes de l’intégrisme islamique, ce livre se veut une réponse à ceux qui cherchent à situer la  » crise des banlieues  » et les événements actuels d’Algérie dans leur vraie dimension.

Histoire des relations culturelles dans le monde contemporain (François Chaubet Laurent Martin )

Révolutions artistiques à Paris ou New York, migrations scientifiques vers les grands campus américains, action culturelle des États en temps de paix ou de guerre froide afin de conforter leur puissance, les enjeux du monde contemporain ont été, souvent, des enjeux profondément culturels. En combinant l’histoire des Relations Internationales et l’histoire culturelle transnationale, ce livre entend offrir la première réelle synthèse sur les multiples interactions culturelles, qu’elles prennent la forme des circulations massives d’images et de sons des industries culturelles ou médiatiques ou celles, plus restreintes, des échanges intellectuels et artistiques.
Attentif aux récents objets de la recherche, de l’exil intellectuel au 20e siècle à la question de la culture coloniale ou impériale, cet ouvrage se propose d’être un outil de travail et de réflexion pour la compréhension du monde contemporain.

La Mediterranée L’espace et l’histoire – Fernand Braudel

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Dans ce livre, les bateaux naviguent ; les vagues répètent leur chanson ; les vignerons descendent des collines des Cinque Terre, sur la Riviera génoise ; les olives sont gaulées en Provence et en Grèce ; les pêcheurs tirent leurs filets sur la lagune immobile de Venise ou dans les canaux de Djerba ; des charpentiers construisent des barques pareilles aujourd’hui à celles d’hier… Et cette fois encore, nous sommes hors du temps. Plus qu’aucun autre univers des hommes, la Méditerranée ne cesse de se raconter elle-même, de se revivre elle-même. Par plaisir sans doute, non moins par nécessité.

L’orientalisme L’Orient créé par l’Occident – Edward W. Said

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D’Eschyle à Kissinger, de Marx à Barrès, l’Occident a tenu un discours sur l’Orient. Mais, puisque «l’Orient» n’existe pas, d’où vient ce discours et comment expliquer son étonnante stabilité à travers les âges et les idéologies? «L’Orient» est une création de l’Occident, son double, son contraire, l’incarnation de ses craintes et de son sentiment de supériorité tout à la fois, la chair d’un corps dont il ne voudrait être que l’esprit.

À étudier l’orientalisme, présent en politique et en littérature, dans les récits de voyage et dans la science, on apprend donc peu de choses sur l’Orient, et beaucoup sur l’Occident. Le portrait que nous prétendons faire de l’Autre est, en réalité, tantôt une caricature, tantôt un complément de notre propre image.

L’idéologie orientaliste s’est échappée depuis longtemps déjà du cabinet des savants pour précéder Napoléon dans sa conquête de l’Égypte ou suivre la guerre du Liban.

C’est de ce discours qu’on trouvera ici la magistrale archéologie, augmentée de la préface que l’auteur rédigea en 2003 pour le vingt-cinquième anniversaire de la publication originale de l’ouvrage

Le maître de chasse – Mohammed Dib

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Voici trois ans que l’Algérie a conquis son indépendance. Le préfet Waëd, idéaliste déterminé, entreprend de forger l’Algérie de ses rêves : un pays où règnent l’Ordre et le Progrès. Les fellahs et les maquisards, menés par le charismatique Madjar, nourrissent, eux, des rêves de partage et de fraternité. Au nom de la paix, Waëd va réprimer ces « agitateurs », dans une lutte démente et fratricide.

 

Né en Algérie en 1920, Mohammed Dib a été instituteur puis journaliste avant de se consacrer à l’écriture de poèmes et de romans. Sont également disponibles en Points La Grande Maison, L’Incendie et Un été africain. Il est décédé en 2003

Formulaires poèmes – Mohammed Dib

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Soleil derrière. Soleil devant. Des soleils. Soleils émergeant sans cesse du bleu de l’être. Ils réchauffent, ils brûlent, ils aveuglent, ils diluent le monde. Et reviennent sans cesse. Sans cesse et à seule fin de cacher une ombre, l’inlassable image allant de la noirceur à la blancheur clémente, de la ravir à la vue sitôt qu’elle commence à poindre. Elle ne peut pourtant m’apparaître que si je fixe, soutiens du regard et fixe encore pour l’immobiliser, toute cette lumière qui se refuse sans cesser d’être autour de moi, traçant un cercle de peur, d’ombre, de silence. La présence est là dans ce présent approché avec soin, car le sang peut jaillir comme les souvenirs. Une vie d’homme est en jeu.

Capitalisme et schizophrenie L’Anti-Œdipe – Gilles Deleuze

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Qu’est-ce que l’inconscient ? Ce n’est pas un théâtre, mais une usine, un lieu et un agent de production. Machines désirantes : l’inconscient n’est ni figuratif ni structural, mais machinique. – Qu’est-ce que le délire ? C’est l’investissement inconscient d’un champ social historique. On délire les races, les continents, les cultures. La schizo-analyse est à la fois l’analyse des machines désirantes et des investissements sociaux qu’elles opèrent. – Qu’est-ce qu’Œdipe ? L’histoire d’une longue “ erreur ”, qui bloque les forces productives de l’inconscient, les fait jouer sur un théâtre d’ombres où se perd la puissance révolutionnaire du désir, les emprisonne dans le système de la famille. Le “ familialisme ” fut le rêve de la psychiatrie ; la psychanalyse l’accomplit, et les formes modernes de la psychanalyse et de la psychiatrie n’arrivent pas à s’en débarrasser. Tout un détournement de l’inconscient, qui nous empêche à la fois de comprendre et de libérer le processus de la schizophrénie.

Pour la vie et autres textes libertaires inédits 1895-1907 – Alexandra David Neel

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Extrait de Pour la Vie :

Qu’est-ce que la concurrence, sinon un terme hypocrite désignant ce combat perpétuel des uns contre les autres, cette guerre sans trêve qui se poursuit, implacable, au sein de nos sociétés ; lutte, non seulement exécrable par les douleurs qu’elle engendre, mais stupide aussi, car il n’y a même pas à attendre d’elle le développement de la force physique ou de l’intelligence ! La vigueur du corps ou de l’esprit n’a que bien peu d’influence dans ces combats. Il n’y a pas à espérer que les plus beaux exemplaires de la race, éliminant les autres, procréeront des générations plus belles et plus parfaites ; cette dernière logique, par laquelle la nature semble parfois excuser les luttes qui se livrent en elle, les sociétés l’ont bannie. Le plus fort est celui qui possède ; celui-là vaincra et subsistera, tandis que souvent disparaîtront les robustes et les intelligents. Les sociétés actuelles ont pour base, non pas l’union et la communauté d’intérêts entre les membres qui les composent, mais bien au contraire la division et l’opposition de ces intérêts. C’est par une concurrence factice, poussée à l’extrême, qu’elles subsistent, exploitant, semble-t-il, la souffrance des masses au profit d’une minorité de privilégiés, mais en réalité restreignant chez tous la part de bonheur et de vie que l’homme trouverait dans une association normalement constituée. Cette concurrence néfaste se manifeste de la façon la plus déraisonnable ; non seulement les hommes ont des intérêts opposés à ceux de leurs co-associés, mais leurs propres intérêts se trouvent en contradiction les uns avec les autres. […]

Les chefs militaires n’ont-ils pas intérêt à ce que se perpétuent les sottes haines entre les peuples, qui seules leur permettent de subsister dans leur fonction ? Un exemple désormais historique vient cependant de démontrer combien de pareils intérêts sont néfastes à l’individu et combien il peut souffrir lorsque le germe mauvais, anti-humain, de l’institution qu’il soutient, tant qu’elle choisit ailleurs ses victimes, vient à se retourner contre lui-même.

Les massacres entre hommes ne se comprennent que dans ces périodes barbares où le manque de nourriture, la réelle lutte pour la vie contraignaient des peuplades à se jeter sur leurs voisins pour leur arracher les vivres qu’ils possédaient ou, parfois, pour se repaître de ces voisins eux-mêmes. Par quel aveuglement des hommes en viennent-ils à s’entretuer pour une ambition de despote ou de ministre, une parole de diplomate, une combinaison entre financiers ou toute autre cause qu’ils ignorent absolument et qui ne peut les toucher en rien ?

On a fait beaucoup de phrases sentimentales contre la guerre, qu’en est-il résulté ? Rien. D’ailleurs, l’homme n’a pas à se préoccuper d’une question de sentiment toujours discutable. Une seule chose est pour lui réelle : son intérêt ; c’est lui seul qu’il devrait consulter en tout et toujours. La guerre est horrible, mais ce n’est pas pour cela qu’il faut s’y refuser. Dans les luttes primitives, lorsque la vie de l’individu affamé était en jeu, son intérêt le poussait à s’approprier la part d’aliments de son semblable, à supprimer une existence pour prolonger la sienne, il avait raison quant à lui de le faire. Son instinct lui disait : Vis !, et sa volonté de vivre était son droit strict et indiscutable. La nature n’a pas nos sentimentalités, elle n’a pas non plus nos cruautés imbéciles. Nul besoin en cette question d’attendrissement, ni de larmes. La guerre et le militarisme sont une duperie pour les peuples, pour tous les peuples, et c’est pourquoi ils devraient s’y refuser. Quel intérêt le travailleur de la pensée ou le travailleur manuel peuvent-ils avoir dans une guerre ? Que leur enlèverait-on ? Le plus souvent, ils ne possèdent rien, ceux qu’ils intitulent leurs compatriotes ne leur ayant rien laissé.

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