Le Jeune Hegel. Sur les rapports de la dialectique et de l’économie, tome I – Georg Lukács

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Dès 1923, dans Histoire et Conscience de classe, Georges Lukâcs avait montré que l’hégélianisme travaille le marxisme bien au-delà de ce qu’en laissait pressentir l’orthodoxie déjà constituée, et bien plus que ne l’indiquaient les textes alors disponibles de Marx.
Comment Hegel en est-il venu à dépasser le cadre de la philosophie traditionnelle pour accéder à une pensée dont les tendances profondes anticipent certaines conceptions marxistes? C’est à cette question que s’attache le livre sur Le Jeune Hegel. Publiée en 1948, mais achevée en 1938, l’étude de Lukàcs est animée par une double ambition. Tout d’abord révéler une dimension essentielle des conceptions du jeune Hegel, à laquelle les historiens de la philosophie, en raison de leurs méthodes, voire de leurs préjugés, étaient restés aveugles; ensuite, et en même temps, esquisser les bases d’une interprétation marxiste de la philosophie classique allemande.
Depuis l’ouvrage de Dilthey (1905), mais surtout depuis la monographie de Th. Haering sur Hegel dont le premier volume (1929) était entièrement consacré à l’évolution de la pensée du jeune Hegel, les interprètes s’accordaient pour esquisser l’image d’un jeune Hegel pénétré de religiosité, de mysticisme ou de romantisme. Il est vrai, reconnaît Lukàcs, qu’en raison de son idéalisme, la philosophie classique allemande dans son ensemble est restée fermée au mouvement réel de l’histoire, au sens de la lutte des classes. Mais la compréhension dialectique à laquelle accède le jeune Hegel, si elle demeure idéaliste, est cependant à l’opposé d’un irrationalisme.
Dès l’époque de Berne, en effet, Hegel ne cesse de s’opposer, au nom des idéaux de la Révolution française, aux despotismes politiques et cléricaux et, en général, à toutes les formes de servitude engendrées par la «positivité». Il s’efforce, à Francfort, de penser le dépassement de la «positivité» en dirigeant son attention sur les phénomènes historiques, sociaux, politiques et même économiques. A Iéna enfin, il met en lumière, par de nombreuses analyses qui préfigurent la dialectique matérialiste, les incohérences de l’économie de marché et appréhende l’homme à partir de ses dimensions concrètes : ses besoins, ses désirs, son langage et son travail.
Une ample présentation du Jeune Hegel par les traducteurs situe en outre le livre dans l’oeuvre de Luklcs et en donne un éclairage critique.
Dans le tome I du Jeune Hegel, Lukâcs suit le philosophe de la période de Berne au début de la période d’Iéna, soit de 1793 à 1801. Le tome II va de la brouille avec Schelling à Iéna à la publication de la Phénoménologie de l’esprit, en 1807.