3 articles sur Karl Marx (1948-1950) – Maximilien Rubel

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De Bucovine, Maximilien Rubel vient à Paris en 1931 pour poursuivre ses études universitaires de philosophie et de sociologie. Il consacre sa thèse de doctorat à Karl Marx.

Pendant la guerre, il est doublement clandestin, du fait de son origine juive et de son activité militante. À partir de 1942, il participe au Groupe révolutionnaire prolétarien, qui déploie notamment son activité de Résistance par des appels à l’insoumission distribués aux soldats allemands. Germanophone, Rubel traduit les tracts. Il quitte cependant le GRP en 1945.

En novembre 1945, il publie un article intitulé « Signification historique de la barbarie stalinienne », où il considère que l’URSS est un capitalisme d’État2. En 1951, il publie « Karl Marx, auteur maudit en URSS », dans lequel il dénonce la censure de textes de Marx par le régime stalinien3. En 1957, il écrit dans « La croissance du capital en URSS » que « l’appareil économique de la Russie présente le double caractère du capitalisme pur, et de l’esclavagisme sans masque » 4. Pendant la même période il publie des textes rares de Marx et de nombreux articles sur Marx.

Il fonde en 1959 la revue Études de marxologie. Il participe au « Groupe communiste de conseils », qui édite à partir de 1962 les Cahiers de discussion pour le socialisme des conseils.

Rubel devient maître de recherche au CNRS, et siège au conseil scientifique de la Fondation internationale Marx-Engels. Il a dirigé l’édition des textes de Marx parue dans la Bibliothèque de la Pléiade, traduisant de nombreux textes inédits en français.

Rubel considérait que les « marxistes » traditionnels allaient à l’encontre de la pensée de Marx, pensée qu’il appelait « pensée marxienne ».

Maximilien Rubel développe lui-même une interprétation iconoclaste : parce qu’il s’oppose à l’État, au salariat — considéré comme une forme moderne de l’esclavage — que Bakounine défend par son collectivisme auquel s’opposera le communisme de Kropotkine, et sans pour autant céder à la passion destructrice de Bakounine, Marx se révèlerait être le plus profond « théoricien de l’an-archisme »5, « compris tout à la fois comme mouvement d’autolibération des esclaves modernes et comme projet de construction de la communauté humaine libérée du capital et de l’État »6.

Il éprouvait une grande admiration pour la pensée politique et morale de Georges Sorel.