Si la cour du mouton est sale ce n’est pas au porc de le dire – Florent Couao-Zotti

 

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Comme le titre le laisse présager, il s’agit d’un roman africain. Du Bénin plus exactement. De Cotonou, la capitale du Bénin pour être tout à fait précis. C’est là que vit Smaïn, Libanais d’origine qui a fui la guerre. Fils d’honnête commerçants et ancien joueur de foot, il a mal tourné et est devenu un des parrains de la ville.

Il a été chargé par ses supérieurs de retrouver une valise pleine de drogue dérobée par trois prostituées. Il a réussi à retrouver l’une d’elles mais elle est morte sans parler. Les deux autres prostituées ne savent quoi faire. Pendant que l’une tente de jouer au plus fin avec le gangster, l’autre fait appel à un détective privé.

Si on ajoute à cela un homme de main un peu crétin, deux policiers décidés à coincer Smaïn, un DJ drogué, un gardien d’hôpital qui croit aux esprits et une foule prête à lyncher ceux qui font trop de bruit dans le quartier, on a tous les ingrédients d’un polar sanglant et un peu décalé.

Mais le vrai héros de l’histoire, c’est Cotonou, la Cour du Mouton, prise entre tradition et modernité. Il y a certes pire ailleurs (la Cour du Porc par exemple) mais c’est pas spécialement joyeux pour autant. Florent Couao-Zotti nous montre un monde qui va de la simple débrouille à la corruption la plus noire et où tous les trafics sont possibles.

L’autre force du roman est son langage. Il y a bien sûr les excellents proverbes africains (titre de chaque chapitre) mais il y a aussi l’utilisation d’un français très imagé et mâtiné de termes africains. C’est ce langage qui fait entrer le lecteur directement dans l’ambiance et l’esprit de Cotonou sans tomber dans l’exotisme bon marché. A la fin du livre il y a d’ailleurs un glossaire qui reprend la définition de certaines de ces expressions.

Le livre a été publié aux éditions du Serpent à Plumes en 2010 et a obtenu le prix Ahmadou Kourouma la même année