En 1637, Richelieu crée la première compagnie de traite ayant l’exclusivité du commerce sur les côtes d’Afrique ; cinq ans plus tard, à l’embouchure du fleuve Sénégal, une habitation fortifiée est construite sur l’île de N’Dar ; elle sera appelée Saint-Louis. C’est en 1862, alors que la conquête territoriale du Sénégal débute, qu’est fondée la ville nouvelle de Dakar, face à l’ancien comptoir de Gorée. Il faudra attendre le Congrès d’urbanisme qui se tient à Paris en 1931, lors de l’Exposition coloniale, pour que soient définitivement posées les règles d’organisation spatiale des villes coloniales. Ces trois dates cadrent l’ouvrage dont l’objectif principal est de retracer l’histoire de la construction des comptoirs et des villes de la côte sénégalaise. Histoire matérielle, bien sûr, celle des projets et des réalisations, depuis les premiers forts jusqu’aux bâtiments administratifs ; histoire des idées et des mentalités aussi, qui ont rendu possible la mise en œuvre de toutes ces opérations. Les relations entretenues pendant trois siècles par la colonie du Sénégal avec la métropole évoluent profondément ; les façons de bâtir l’espace urbain aussi. Si les premières bâtisses et les premiers plans rappellent les constructions françaises, avec la colonisation, des formes spécifiques sont élaborées, depuis le quartier » indigène » jusqu’aux villas à vérandas. Toutes ces actions conduisent à produire un paysage original, dont on trouve encore les traces matérielles dans les quartiers anciens. Aujourd’hui ces constructions sont menacées par la croissance urbaine, mais la philosophie d’action qui les a inspirées influence encore souvent la façon de penser et de bâtir la ville africaine