Michael Seidman montre la continuité de la résistance au travail, en grande partie ignorée ou sous-estimée par les théoriciens et historiens du XXe siècle. Au moment des fronts populaires, les ouvriers ont persévéré dans leurs pratiques antérieures qui donnaient déjà le caractère extérieur, utilitaire du sens de leur travail : des refus directs et indirects, par l’absentéisme, le coulage de cadence, le vol. la grève, etc. Au moment où s’est posée la question du contrôle ouvrier – révolutionnaire ou réformiste – du procès de production. les luttes quotidiennes sur le lieu de travail, à Paris et Barcelone, étaient des faits de résistance : » La résistance était aussi un phénomène conjoncturel et cyclique, mais les refus sont restés une part intrinsèque de la culture ouvrière et sont apparus à différentes périodes avec diverses divisions du travail. Pendant les fronts populaires. les ouvriers se révoltaient contre un ensemble de disciplines, y compris celles imposées par les organisations ouvrières. Les salariés souhaitaient certainement contrôler leurs lieux de travail, mais généralement afin d’y travailler moins. On peut supposer que la façon d’éliminer la résistance n’est pas le contrôle ouvrier sur les moyens de production mais plutôt l’a ‘ n du travail salarié lui-même. » Il nous est alors possible de voir, dans ces affrontements entre ouvriers et organisations ouvrières, des collectivités barcelonaises aux usines aéronautiques parisiennes, la. contradiction interne des mouvements de front populaire. qu’ils aient été révolutionnaires ou réformistes. L’impossibilité d’un triomphe de la classe du travail, en tant que telle, se manifeste sous sa forme la plus empirique. C’est la faillite d’un programme ouvrier dans ses propres termes, alors sommé de se réaliser dans un moment critique.